Les critiques

Concevoir l'apprentissage autonome peut être déstabilisant, voire même dérangeant. Ce n'est clairement pas dans la norme ! Cela s'associe forcément à des questionnements sur l'instruction hors école.

Voici quelques questionnements et remarques récurrentes:

Pour apprendre il faut aller à l'école !

L'enfant vient au monde avec la soif d'apprendre, c'est inné ! Et tous les enfants sont dotés à la naissance, sans exception, de la fonction d'apprentissage. Personne ne s'étonne que le petit enfant apprenne à marcher et à parler seul. Guidé par cette pulsion fondamentale, son esprit ludique et sa curiosité instinctive, ce processus, s'il n'est pas stoppé, continue naturellement avec l'âge. L'apprentissage n'a pas de lieu dédié, il peut être partout.

 

L'enfant fait ce qu'il veut alors ? C'est un enfant-roi !

Comme beaucoup de familles qui pratiquent l'apprentissage autonome, nous avons opté dans la continuité avec une éducation démocratique où l'enfant comme adulte sont l'égal l'un de l'autre. Chacun a le même pouvoir dans le foyer. Nous participons tous les trois aux règles de la maison, à la répartition des tâches ménagères et à toutes sortes de décisions... Nous discutons, débattons, trouvons des compromis, utilisons des outils tel que la communication non-violente, le feed-back permanent, les conseils de famille, conseils de justice...

Chacun de nous se sent responsable, concerné et respecté. Les écoles alternatives, dites démocratiques, fonctionnent d'ailleurs de la même façon.

 

La liberté que nous offrons à notre enfant ne signifie en rien l'anarchie, bien au contraire ! A la liberté, il y a la responsabilité qui va avec ! Pour un adulte comme pour un enfant en apprentissage autonome, il est plus difficile de choisir que faire de son temps libre, son emploi du temps, sa vie, que d'être dirigé par l'autre.

Ce n'est pas fait pour tout le monde !

Oui, dans le sens où chacun est libre de faire ou de ne pas faire ce choix éducatif.  C'est à chacun de choisir selon ses propres critères, convictions, valeurs... Il ne s'agit pas de généraliser cette pratique mais simplement d'en connaître la possibilité.

Il n'y a pas de voie uniforme pour tout le monde mais une voie pour chaque personne, la sienne.

 

Fredy Fadel dans le livre "être et devenir": "Le unschooling (= apprentissages autonomes), comme l'alpinisme, n'est pas quelque chose que tout le monde fait, ni doit faire. Comme l'alpinisme, tout le monde en principe peut le faire. Comme l'alpinisme de fait, tout le monde ne le fait pas, parce qu'on ne le veut pas (...) Comme l'alpinisme, si on veut le faire, il y a des prérequis: faire confiance à l'enfant, consacrer du temps, être patient...".

 

Thierry Pardo dans le livre "être et devenir": " Si on prend la thématique de l'agriculture, si on prend les transports, l'énergie, l'alimentation, si on prend plein de sujets, chacun comprend qu'il y a une espèce de cocktail d'offres variées. Mais alors l'éducation, c'est bizarre, il faudrait qu'il y ait une réponse qui serait pour TOUT LE MONDE ou personne (...)  le fait qu'on ait du mal à envisager un bouquet de solutions pour l'éducation alors qu'on l'envisage pour tout le reste, c'est toujours quelque chose de curieux."

Mais que fait l'adulte dans tout ça ?

Il est dans la posture du compagnon de route. Il est là si besoin, accompagne, observe, lâche-prise, cherche, aide à chercher, tente de répondre aux questions, de trouver des ressources, aide si besoin. Il peut aussi proposer, recommander, apporter des idées, mettre sur le chemin de l'enfant des choses en rapport avec ses passions  ou qui pourraient l’intéresser - mais sans attentes. 

C'est bien pour les petits mais pour les grands ?

L'enfant est dans un mouvement continue dans lequel il est acteur et moteur de ses apprentissages. Cela est valable à tous les âges et même durant toute la vie. 

 

En grandissant, l'enfant peut s’intéresser à des sujets plus pointus. Imaginons... la physique nucléaire ! Nous vivons dans une époque d'abondance en termes de ressources éducatives ou d'informations. Les connaissances sont partout disponibles:  sur internet, dans les livres, documentaires, lieux ressources... Tout est là pour mener sa propre recherche, quelqu’en soit le sujet.

 

Le théorème de Pythagore, il va l’acquérir comment ?

 Les matières classiques: mathématiques, français, SVT, physique... ne s'appliquent qu'aux écoles publiques et sous contrats.

En tant que famille pratiquant l'instruction en famille, notre obligation est que notre enfant maîtrise un ensemble de connaissances et de compétences à 16 ans, établies dans ce qu'on nomme le "socle commun".

 

L'apprentissage autonome n'exclut pas un apprentissage formel si l'enfant s’intéresse au sujet. Et pour cet exemple précis, ce théorème ou Thalès...ils peuvent être expérimentés de beaucoup de façon dans le réel, par le biais d'expériences vivantes.

 

La notion de "ce qu'il faut savoir" est fluctuante. Des tas de notions du programme scolaire étaient, dans le passé, absolument à connaître mais sont devenues obsolètes ensuite. Qui connaît les notions qui seront requises par nos enfants en 2050 ?! C'est pourquoi les parents choisissant l'apprentissage autonome misent avant tout sur l'acquisition de compétences telles que savoir chercher, inventer, penser, argumenter, débattre, expérimenter, créer, se tromper-recommencer, déduire, le plaisir de la lecture et de l'apprendre en général... sur le développement d'une personnalité, plutôt que sur l'accumulation de connaissances détachées de ses intérêts et questionnements. (80% des choses apprises sous la contrainte ou qui ne nous ont pas ému seront oubliées.) Vous rappelez-vous du théorème de Pythagore ???  ; )

Comment vont-ils passer leur bac et entamer leurs études supérieures ?

 Les enfants peuvent passer le bac comme tout un chacun. Soit en étant rescolarisé ou bien en continuant d'apprendre hors école, à sa façon ou avec des manuels scolaires, annales, ressources internet, cours par correspondance, cours particuliers... et surtout en apprenant les codes qui lui permettront d'obtenir le bac. Puis en s'inscrivant en tant que candidat libre.

Ayant choisi leur voie, ils étudient en général avec passion, sont auto-motivés et cela peut même être un atout pour leurs études supérieures. Aux Etats-Unis, des universités procèdent à des admissions dédiées aux enfants non scolarisés car elles apprécient beaucoup les compétences qu'ils apportent (plaisir d'apprendre, motivation, ouverture, curiosité, organisation personnelle, fédérateur, autonomie, créativité...). L'apprentissage autonome n'empêche aucunement les grandes études. (75% feront des études supérieures) voir la rubrique "Ressources"

Comment ses enfants là vont-ils s'adapter au monde du travail?

Les enfants  en apprentissage autonome disposent du bagage le plus solide pour affronter le monde du travail: leur confiance en eux, leur capacité à apprendre par eux-mêmes, de faire des choix, de rebondir et de trouver des solutions. 

Beaucoup d'enfants ayant grandit en apprentissage autonome créent aussi leur propre parcours, montent leur entreprise.

Par contre, en effet, il y a fort à parier que ces enfants-là ne s'intégreront pas dans des entreprises où le management est basé sur l'absence de sens.

 

Vous êtes contre l'école alors ?!

Non, nous souhaitons simplement une offre éducative variée.

L'école apparaît à tous comme la norme mais à l'échelle de l'humanité, elle est un phénomène très récent. L'homme a toujours appris dans la vraie vie, avec les autres, dans son environnement et depuis la nuit des temps.

Nous voulons que l' apprentissage autonome et enseignement scolaire soient sur un pied d'égalité. 

 

La majorité des familles IEF sont d'accord: si l'enfant en fait la demande et veut retourner à l'école, et bien il y retourne.

Il faut en avoir les moyens, c'est réservé à une élite !

 

Bien au contraire, de nombreux parents qui ont décidé de cette pratique réduise leur temps de travail pour s'occuper de leur enfant, l'un des deux parent arrête de travailler ou travaille autrement (deux mi-temps, télétravail...). Beaucoup en tous cas vivent avec un seul salaire, réduisent  leur train de vie ou change totalement de vie ! 

 

Est-ce que c'est réservé à une élite intellectuelle? Confiance, patience, disponibilité, débrouillardise et écoute semblent être les réels atouts à l'accompagnement de l'enfant en apprentissage autonome, plutôt qu'un parent bardé de diplômes. Les études américaines montrent qu'il n'y a aucune corrélation entre le niveau d’études des parents, leurs revenus ou même leur origine, et les résultats de leurs enfants instruits en famille (contrairement aux enfants scolarisés !) .

 

Certains parents reprennent le goût d'apprendre ou réapprennent avec leurs enfants. Lorsqu'un sujet est trop difficile, il y a toujours une ressource à trouver. Et si l'on n'y a pas accès et bien nous faisons l'expérience de notre pouvoir limité. Nous ne pouvons pas apprendre tout sur tout, tout comme dans le milieu scolaire.

Et l'égalité des chances dans tout ça ?

Le mythe de l’égalité des chances grâce à l'école est très installé dans l'imaginaire collectif. Les dernières études PISA montrent pourtant que l'école française est championne des inégalités scolaires et qu'elle augmente les inégalités sociales par son caractère sélectif. (voir rubrique "Ressources")

Forcer tout le monde à "entrer dans le même moule", soi-disant pour avoir les mêmes chances, introduit de la violence.

L'égalité des chances c'est considérer chacun comme il est, avec ses particularités, pour qu'il trouve sa voie et s'épanouisse. C'est précisément le but des parents qui choisissent pour leurs enfants l'apprentissage autonome.

 

C'est inégalitaire dans le sens où tout le monde ne peut pas se permettre ça ?

"Vu le prix, tout le monde ne peut pas se permettre de manger bio", pourtant ça ne vous empêche pas d'acheter vos légumes au petit producteur du marché ?! 

 

Thierry Pardo dans le livre "être et devenir": "(...) "ce n'est pas généralisable". Ce n'est pas ça le propos. Le propos, c'est que tu as un enfant qui arrive dans ta vie, et tu te dis: "Ok, qu'est-ce que je peux faire de mieux pour lui ?" Il est là le propos, et c'est là que c'est universel et moralement défendable".

 

Alors l'enfant découvre tout, tout seul ???

Je citerai ici un extrait du livre "Les apprentissages autonomes " de John Holt, ancien instituteur et chercheur en sciences de l'éducation à l'université d'Havard:

"Je ne dis pas que les enfants doivent tout découvrir sans aucune aide. Nous pouvons les aider de plusieurs façons. Nous pouvons mettre à leur disposition les ressources facilitant les découvertes. L'apprentissage est un processus de découverte, et si nous voulons qu'il se fasse, nous devons en créer les conditions favorables. 

Nous savons ce que sont ces conditions: le temps, le plaisir, la liberté, l'absence de pression." 

 

Heureusement que l'académie vous contrôle tous les ans, vous n'avez pas de diplôme de prof !

Les études américaines montrent qu'il n'y a aucune corrélation entre le niveau d’études des parents, leurs revenus ou même leur origine, et les résultats de leurs enfants instruits en famille (contrairement aux enfants scolarisés ! voir rubrique "ressources" .

 

Accéder au poste de professeur n'est aucunement gageure de la compétence pédagogique par exemple. La majorité des parents faisant le choix de l'apprentissage autonome sont en général très investis. Ils se sont informés en profondeur sur le sujet (ont lu les livres de références, assisté à des conférences, rencontré d'autres parents...). Passionnés de l'enfant, ils ont pris connaissance des dernières avancées en neurosciences concernant son fonctionnement.  D'ailleurs, 86% des parents-instructeurs sont totalement sûrs de leur choix pédagogique, source association FELICIA.

Lors d'une étude américaine, on a fait passer des tests à des enfants instruits en famille. Elle a conclu que les enfants dont les parents avaient une formation d'instituteur ou de professeur n'ont pas mieux réussi que les autres.

Sources LEDA ici, étude de John Havens, 1994

 

Concernant les ressources, nous sommes dans une ère où elles sont accessibles partout et gratuitement: internet, médiathèque, centre socio-culturel, musée... Même si le parent ne sait pas tout  (l'enseignant non plus), il suffit de chercher l'information ou bien une personne ressource. Et en terme de débrouillardise, nos enfants et leurs parents savent y faire !

 

 

Mais si l'enfant vit dans une famille maltraitante ?

Tous les deux ans, les familles non-scolarisantes / en instruction en famille, sont soumises à un contrôle systématique de la Mairie, dont l'objectif est de s'assurer des conditions matérielles suffisantes, de la bien-traitance et de l'inclusion de l'enfant dans la société. Ils veillent également à ce que l'enfant ne subisse pas d'embrigadement sectaire ou religieux.

Au même tire que tous les autres enfants, des forces œuvrent au quotidien pour la protection de l'enfance: l'entourage familiale, le voisinage, les services de renseignements, la MIVILUDES, la police et la justice.

 

 

Et si l'enfant fait l'objet d'embrigadement religieux ?

 

Une des valeurs de la République est le respect de la liberté de culte. Pourtant, depuis 2015 la radicalisation religieuse est un argument récurrent prétexte à toujours plus de nouvelles lois encadrant l'instruction en famille. Les études de la DGESCO montrent que seul 1,4% des familles font ce choix pour un motif religieux et ce, toutes religions confondues ! Cela correspond à seulement 420 enfants. 

 

Là encore, au même tire que tous les autres enfants, des forces œuvrent au quotidien pour la protection de l'enfance: l'entourage familiale, le voisinage, les services de renseignements, la MIVILUDES, la police et la justice.

 

 

Qu'en est-il de sa sociabilisation ????

Je citerai ici Philippe Bongrand, chercheur au laboratoire EMA:

"C’est manifestement le principal lieu commun concernant l’instruction à domicile. Les familles qui ne scolarisent pas leurs enfants ne vivent pas recluses. D’une part, leur démarche s’inscrit souvent dans des réseaux (voisinage, réseaux sociaux) sources d’une intense sociabilité. On peut observer des familles « non scolarisantes » dont les relations semblent au moins aussi nourries que celles des familles d’enfants scolarisés dans un même établissement. D’autre part, ces familles fréquentent souvent, et peut-être même plus que d’autres citoyens, les espaces publics tels que les médiathèques, centres d’animations, parcs ou musées."

source: https://www.u-cergy.fr/fr/recherche-et-valorisation/actualites-recherche/seminaire-homeschooling.html

 

Si l'enfant fait tout ce qu'il veut, il n'éprouve jamais la frustration ?

 

 La vie ne cesse de nous renvoyer à notre condition d'homme, nos limites et nous fait éprouver de la frustration, de façon naturelle. 

 

Ce n'est pas parce que l'enfant suit ses passions, ses élans, qu'il n'éprouvera pas la frustration. Prenons l'exemple de notre fille qui, lorsqu'elle a eu cette pulsion de créer son livre de sensibilisation à l'autisme, s'est aussi engagée, auprès de notre centre socio-culturels, à proposer un atelier sur ce thème et à une date précise. Elle a donc vécu, ensuite, la rigueur, la persévérance, s'atteler à une tâche coûte que coûte et aussi la frustration (ne pas savoir illustrer aussi bien que ce qu'elle "imagine dans sa tête", ne pas dessiner "aussi bien que maman"...). 

 

L'enfant motivé par ses projets, ses centres d'intérêt, est animé par ce moteur puissant qu'est l'enthousiasme de départ. Il rencontrera forcément frustration, déconvenues... mais cela lui permettra au contraire de les dépasser ! --> Lili-Rose a sorti son livre a temps !